HOMMAGE A JACQUES. Décédé le 1 novembre 2024 à 22h 04
CHOLET le 7 NOVEMBRE 2024
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Coucou Grand-Père,
Hier je me suis appliquée et j’ai bien vu la Loire.
Je me demande d’ailleurs comment il m’est parfois arrivée de passer devant sans la contempler. Naturellement j’ai pensé à toi, à la pêche aux poissons, qui m’a alors rappelée la pêche aux palourdes, qui m’a remémorée l’Île de Ré, les glaces au Phare des Baleines, le parfum rhum raisin, toi qui prépare la persillade des palourdes, comme tu préparais aussi celle des cèpes, bien sûr toujours avec le même soin que tu mettais à faire tes confitures, et tout ça sans oublier la musique classique qui résonnait dans le salon, où, parfois, près de ta cheminée et de ton feu adorés, tu ouvrais une bière avec ton décapsuleur préféré que j’avais trouvé dans une foire au grenier.
Tous ces moments qui ne sont plus, et pourtant, quelle chance qu’ils aient été.
Quelle chance d’avoir des souvenirs pour lesquels il est si difficile de se dire « ce sont les derniers ».
Parce que te dire au revoir ça a un peu été comme quand on regarde une dernière fois un lieu de vacances qu’on s’apprête à quitter.
On y a passé des jours, des semaines, et pourtant, c’est pile au moment de le voir une dernière fois que la beauté du moment nous frappe. Comment n’a-t-on pas vu avant la richesse du simple instant présent ?
Comment n’a-t-on pas vu à quel point nous étions chanceux de l'avoir sous nos yeux ?
Un splendide coucher de soleil, des oiseaux qui dansent, un, deux ou trois carreaux de chocolat avalés, ton casque autour des oreilles, la douceur de ta main, un bisou sur le front, un dernier je t’aime, le genre de je t’aime qu’on dit sans jamais le regretter.
Il était là, sous mes yeux, mon magnifique lieu de vacances à quitter.
Et même si on n’est jamais préparé au départ d’une personne qu’on a aimé depuis toujours, merci d’avoir rendu ce moment si apaisant.
Parce que peu nombreuses sont les personnes qui auront pris la vie avec une telle philosophie. Toi tu l’avais très vite compris, de ta maladie il n’y aura pas un vainqueur et un vaincu. Il y aura juste celui qui s’est battu.
Parce que tu le savais, gagnant est celui qui aura profité de chaque instant.
Alors tu l’as fait.
Une ptite bière, un feu de cheminée, un match de hand à la télé, la convivialité d'un repas de famille, la visite des enfants, des petits-enfants, des arrières petits-enfants, des amis aussi, tous ces moments tu les as enlacés.
Et oui, il y a des bonheurs que tu ne partageras jamais à mes côtés.
Tu ne me verras pas dire oui.
Tu ne me verras pas changer les couches de mes enfants qui t’auraient sûrement rappelé celles que tu as changées quand j’étais, moi aussi, qu’une enfant.
Tu ne me verras pas adopter un second gros chien, et puis un troisième et pourquoi pas un quatrième.
Ce sont des moments que j'aurais tant aimé vivre de ton vivant. Et pourtant, gagnante je suis moi aussi d’en avoir déjà vécu autant.
Et si je dois être honnête, je sais que tu n’es plus là où tu es parti, c’est certain, mais tu seras partout là où on pensera à toi.
Tu seras là quand grand-mère préparera sa vinaigrette pour accompagner la première salade de la saison.
Tu seras là au marché quand Charly donnera une grosse (grosse) poignée de bigorneaux à maman.
Tu seras là quand papa ira à sa sortie champignons.
Tu seras là quand je verrai les autographes des frères Karabatic dans l’armoire de ton salon.
Tu seras là quand Joris & Bastien fêteront leur anniversaire de mariage.
Là quand on donnera une carotte à Helektra.
Là quand Verso sautera partout de joie.
Là quand Argos dévalisera toutes les mûres de la forêt, sans faire de confiture cette fois.
Et bien sûr tu seras là, aussi, dans les parties de tock où on joue tous comme si notre vie en dépendait, là dans les repas de famille,
là dans la joie, là dans les sourires,
là avec tes amis, partout dans ces moments où on n’était pas forcément avec toi, mais où je suis sûre tu comptais tout autant.
Parce que c’est ça qui était génial avec toi, ta place tu n’as jamais eu à la chercher, elle t’a toujours été destinée.
Au bout de la table,
sur le terrain de pétanque ou dans le cabanon du jardin,
on se dira toujours « Jacques, il était là »
Tu vas tellement tellement me manquer,
Je t’aime si fort,
Ta petite fille,
Telma
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